Enquête publique
Renouvellement des espaces publics du secteur Arlequin-parc Jean Verlhac

Je consulte le dossier d'enquête publique et contribue en ligne (terminée)

Retour

avis sur les travaux prévus dans le parc et pour le lac de la villeneuve

Proposé par Nicole Le 29 janvier 2025

État

Contribution déposée

Type

Enquête publique

Informations pratiques

Votre contribution

Contribution à l’enquête publique janvier2025
Rénovation urbaine Arlequin
1 . Habitante de la Villeneuve depuis 1987 je voudrais souligner mon accord sans réserve avec plusieurs réalisations prévues dans le programme concernant le quartier Arlequin et le parc
L’ouverture du coté porte Nord :
D’une part, elle contribue à ouvrir le quartier et à le rendre visible de l’extérieur, et, d’autre part, les aménagements prévus correspondent aux attentes des habitants et aux demandes exprimées : nouvelles aires de jeux( il en manquait ) , tables de pingpong et de pique nique, fontaines à boire , espaces de détente , d’assises et de convivialité … et nouveau jardin partagé au pied du 10 ! Pouvoir cultiver une parcelle est un souhait très répandu !
Dans le cœur du parc, l’aire de jeux confortée :
Dans ce cas, les caractéristiques d’une population jeune sont prises en compte et le point de vue des usagers est respecté sans réserve !
Le document mentionne : « Le secteur accueille une grande concentration de familles avec de jeunes enfants » -24% de la population a moins de 15 ans selon l’étude d’impact- (1) « le bilan du dialogue citoyen montre que cette aire de jeux est l’une des zones du parc la plus appréciée. Le grand toboggan est un élément très régulièrement mentionné, quelque soit l’âge de l’interlocuteur, comme attractif et générant de bons moments et de bons souvenirs » En conséquence, il n’est pas prévu de le modifier mais de diversifier et d’accroitre les jeux en fonction des suggestions des parents …
Enfin, dans le secteur de la place rouge, les aménagements prévus ont été réellement coconstruits avec les acteurs culturels ayant une expérience d’utilisation du lieu. Il s’agit d’un autre exemple de méthode d’intervention très positive qui aurait dû être généralisée..
( 1) Selon les données INSEE 2023, en 2018, si 25 % de la population scolarisée avait moins de 11ans à Grenoble, c’était le cas de 44 ou 45 % de la population scolarisée à l’Arlequin, à Constantine, et à Helbronner–Géants

2. Je cite ces exemples car je déplore que le même état d’esprit que celui inspirant ces réalisations, pas toutes secondaires, n’ait pas été adopté dans l’approche du lac…
Le lac, au cœur du parc :
Il y a très peu d’observations dans le document sur les usages des habitants depuis 50 ans… comme si le projet de transformation n’avait aucun rapport avec ces usages et visait un objectif décidé et défini à priori « être une ville modèle proposant un lac urbain, propre, gratuit et économe en eau »
Pourtant le lac et surtout ses abords, pour leur fraicheur, sont un des lieux les plus fréquentés en été par des habitants du quartier de toutes origines, et pour des pratiques très diverses. En résumé, on peut rencontrer :
-les enfants qui s’ébrouent et jouent dans l’eau, et qui, parfois, font du canoë
- les adultes qui se détendent en famille et entre amis surtout dans l’espace arboré sous les platanes en fin de journée et tard en soirée,
-les habitants de tous âges et de tous milieux qui viennent pour la fraicheur et les animations près de la halle Iris, l’été en soirée, en profitant aussi des gradins naturels qu’offre la butte au sud.
Les habitants ne partant pas en vacances ou peu ( la moitié des locataires vivent sous le seuil de pauvreté ), les nombreuses familles monoparentales aux faibles revenus ,peu véhiculées (28 % des familles du quartier contre 19% à Grenoble) et les personnes isolées ( 20 % des appartements sont occupés par une seule personne ) sont logiquement ceux qui fréquentent le plus cet environnement accessible sans contrainte , calme, agréable , convivial, et frais la nuit !
-ajoutons que, depuis quelques années, les nombreux propriétaires de chiens ont cru trouver avec le lac le moyen de rafraichir leurs animaux.
.Le lac et ses abords constituent donc depuis 50 ans un espace paisible, un havre de paix dont chacun fait usage selon son âge, sa culture, ses envies ! Aucun accident n’est à déplorer depuis 50 ans (L’absence de surveillant n’a jamais été une cause de dangerosité) Les habitants adultes y viennent pour se détendre et non pour se baigner. Enfin ,la Villeneuve étant une « ville Monde »( 27 % de la population est étrangère – pour 13% à Grenoble –à laquelle s’ajoute la population française d’origine immigrée ) , c’est surtout en soirée ,et souvent très tard, comme dans tous les pays du sud , que les habitants viennent profiter du lieu en été .
En dehors de l’été, le lac reste un espace contemplatif lorsqu’il est en eau, un espace paisible où de nombreux habitants se croisent, font halte, et se parlent pour peu que le temps le permette.
Certes le lac a vieilli ; il est devenu nécessaire de le restaurer et de le rendre propre mais …
3. Les enjeux censés justifier sa transformation sont discutables :
-Enjeu écologique : enjeu reconnu par tous mais, compte tenu des incertitudes sur les possibilités de filtrer l’eau de la nappe de façon naturelle sur le moyen et long terme, n’est-il pas préférable de prévoir une moindre profondeur, donc un volume d’eau moins important ?(1)
-Enjeu sanitaire : Pourquoi laisser les enfants jouer dans le bassin similaire du parc Bachelard si les enfants fréquentant le lac de Villeneuve sont en danger? Pourquoi n’avoir rien tenté pendant 10 ans pour dissuader les propriétaires de chiens de les laisser se baigner ? Il est certain en revanche qu’en cas de contamination avérée, l’ARS serait intervenue pour demander aux autorités de vider le lac ! oui le lac doit être plus propre mais le problème est à résoudre avec objectivité, et en associant tous les intéressés !
-Enjeu de sécurité : l’argument n’est t’il pas fallacieux ? Aucune noyade en 50 ans et, avec ce projet, un risque réel d’accident la nuit et en dehors des périodes d’ouverture et de surveillance. Aucun habitant ne pense que des pancartes « baignade interdite » seront plus dissuasives qu’aujourd’hui !

(1)« Des incertitudes demeurent quand aux variations saisonnières des concentrations de polluants dans la nappe » Annexe 3 Synthèse de l’évaluation quantitative des risques sanitaires

En résumé économiser l’eau est un impératif et, si une filtration par les plantes est possible dans le contexte de notre quartier, je suis pour ! Pour le reste, soyons objectifs et pragmatiques !

4. Quelles incidences auront les travaux prévus sur l’amélioration de la vie des habitants ?
Transformer le lac actuel en une « zone de baignade artificielle »réglementée, sorte de piscine , loin d’améliorer la vie des habitants, - un des 3 objectifs des travaux de rénovation urbaine - vont les priver d’ espaces privilégiés de fraicheur, de détente, de liberté, et de convivialité en été , au profit des seuls et futurs baigneurs supposés venir de toute l’ agglomération !
Pour être précis :
Les enfants de moins de 12 ans qui pataugent librement aujourd’hui sans danger et à toute heure ne pourront le faire qu’accompagnés. D’où la forte pénalisation des jeunes enfants, notamment de ceux dont les parents travaillent aux heures d’ouverture ! Dans quels emplois notamment féminins (vendeuse, caissière, aide à domicile, employée de restauration, aide-soignante..) est-on rentré chez soi avant 19 heures ?
Bien que situé dans un quartier à la très forte proportion de jeunes enfants, l’espace de pataugeoire très restreint (à peine 10% de la surface du lac) , non séparé du bain profond, rendra le lac dangereux pour eux…Le lac n’est pensé ni pour eux ni pour leurs parents qui , pour les surveiller, devront le faire depuis la plage bétonnée et non depuis la pelouse sous les platanes.
Bien qu’il soit reconnu par les auteurs du document que « la butte centrale et la pelouse arborée sont des lieux précieux en période caniculaire » les nombreux habitants qui viennent aujourd’hui y chercher la fraicheur en seront exclus. Car relégués, même en soirée lorsque la piscine sera fermée, sur l’espace restreint proche de la halle Iris qui devrait comporter des jets d’eau, des assises, un sol briqueté. Ce lieu, certes, pourra être agréable mais il aura une autre fonction (« zone d’attente pour les baigneurs » peut on lire dans le document) car il ne permettra ni les pique nique, ni les longues heures de détente dans l’herbe ! Il ne suffit pas de décréter « la placette Iris, lieu d’usage », pour qu’elle le devienne !
Le texte soumis à enquête indique certes que les habitants pourront retrouver leurs espaces de fraicheur et de détente d’octobre à mai, (s’ils apportent des couvertures ???) Mais comment ne pas ressentir un certain mépris ?

Les obligations vestimentaires ne permettront pas à une immense partie des femmes et des jeunes filles du quartier de se baigner, surtout sous le nez de leurs voisins ! Quoiqu’on en pense, c’est une réalité …. Une piscine gratuite en pleine ville attirera essentiellement les jeunes garçons de divers quartiers. Comme dans les piscines, l’après midi, ils risquent d’exclure, de fait, les familles avec enfants.
Au total, ce lieu paisible et particulièrement précieux, ce havre de paix au cœur du parc, n’en sera plus un !
Pas un habitant ne pense que les clôtures ne seront jamais franchies la nuit, qu’il n’y aura pas de dégradation des bâtiments provisoires (vestiaires, etc. .) ni de tensions entre différents types d’usagers, et même, dans le pire des cas, d’accident ou de noyade. Croire qu’un veilleur de nuit et des panneaux « baignade interdite » seront toujours dissuasifs relève d’une méconnaissance totale des réalités du quartier !. Pourquoi ne pas avoir consulté et tenu compte de l’avis des professionnels de la surveillance des baignades de Grenoble qui ont de l’expérience sur ces questions ?

5 Ce lac fera t’il progresser l’attractivité de la Villeneuve et la mixité sociale dans le quartier ?
Oui, si l’on pense que la fréquentation du lac par des groupes de jeunes de divers quartiers témoignera de son attractivité ! Les conflits d’usage et les dégradations du lieu, s’ajoutant à la triste réputation actuelle du quartier, risquent de ternir encore davantage l’image de la Villeneuve dont les couts d’entretien, par ailleurs, paraissent déjà élevés à tous les contribuables qui ont du mal à faire face au montant des impôts locaux !

En conclusion,
Restaurer le lac comme lieu de loisirs aquatiques pour enfants, agrémenté à certains moments, d’une approche ludique de phénomènes scientifiques tels que ceux proposés à la ville par des scientifiques (ayant déjà l’expérience d’un travail pédagogique en direction des enfants du quartier) et l’aménagement aux abords du lac , d’espaces de détente et de convivialité ouverts à tous, accessibles sans contrainte horaire, équipés pour favoriser des animations diverses en periode estivale grâce et autour de la Halle Iris, ne rendraient ils pas le lieu beaucoup plus attractif pour l’ensemble des Grenoblois et notamment pour les familles ?
La ville de Nantes annonce son projet de réaliser un bassin peu profond accessible librement et filtré naturellement dans un des jardins fréquentés de la ville. C’est donc possible !

6. Quelques remarques sur le processus de concertation :
Le document qui nous est proposé s’efforce de montrer combien ont été nombreuses les phases de consultations successives depuis 2019, et met en valeur les modifications du projet censées avoir pris en compte progressivement les demandes exprimées.
On note que les conclusions du « dialogue citoyen » de 2020 sont celles citées avec le plus de précision du fait que l’avis négatif émis par ce groupe d’habitants tirés au sort sur le projet d’étendre le lac à 10000 m2 a effectivement été retenu par la ville.
Pour les consultations suivantes il est souvent noté que « les avis sont divergents », sans précision sur la répartition des différentes opinions exprimées ! Que le projet des élus suscite l’adhésion de certains habitants est normal, mais pourquoi ne pas mesurer honnêtement leur poids !
Une pétition (papier) signée en été 2023 par 480 habitants habitant tout le quartier, ayant donné leur adresse, et une pétition en ligne signée par plus de 1200 personnes demandant notamment le maintien d’un lac peu profond et sans clôture sont jugées sans importance … car mis sur le compte de manipulations.
La consultation publique organisée par la Metro fin 2023 qui a recueilli 438 contributions est également ignorée : Même si 57% des contributeurs ont donné un avis défavorable au projet de lac baignable et 14% se sont déclarés d’accord, pour les élus cela ne signifie rien : « ceux qui n’ont pas répondu sont d’accord avec le projet ! »
La médiation citoyenne sollicitée par les habitants et associations, qui a eu lieu en 2024, est indiquée comme ayant entrainé des modifications du projet affectant l’implantation des vestiaires, le décompactage du sol de la pelouse, et un système d’ombrage..
Les demandes essentielles des habitants reçus lors de ces séances de médiation ne sont même pas évoquées : elles portaient non sur ces aménagements réels, mais mineurs, mais sur les composantes constitutives du projet de « lac baignable » !
Car, si les habitants ne récusent pas l’idée d’un lac baignable, on ne trouve, dans tous les relevés des consultations de 2020 à 2024, aucune trace d’une demande ou même d’un souhait des habitants, de pouvoir NAGER…
CF annexe 1 le déroulement des phases de concertation (page 39 et suivantes)
Résultats du dialogue citoyen 2019-20 … Il y a « accord avec l’idée d’un lac baignable en milieu urbain d’autant que la baignade es t un usage qui existe déjà » …« Priorité est de conserver une aire de fraicheur ludique, et paysagère .Il s’agit de pouvoir se rafraîchir, s e mouiller , se tremper les pieds, grâce à des aménagements allant du plus naturel au plus ludique » «C’est pourquoi les participants proposent que l’eau soit présente à différents endroits du parc, sous forme de fontaines , de cascades … »
Tout était déjà dit en 2020 !
Pourquoi ne pas avoir soumis à tous les habitants un questionnaire simple, proposant une ou deux alternatives au projet initial des élus ?
l’exemple du département de l’ Isère qui a sollicité l’avis des parents des collégiens sur les caractéristiques du nouveau collège à construire , qui a coconçu le questionnaire d’enquête lors de réunions publiques avec les habitants , et qui a tenu compte ensuite des avis majoritairement exprimés , aurait-il pu inspirer la ville de Grenoble ?
Comment croire encore aux vertus de la démocratie participative lorsqu’il est clair que le cœur du projet en cause est imposé ? Comment s’étonner de la résignation de tant d’habitants, et de leur abstention massive lors des élections comme lors des consultations ?